L’événement, super-synergiseur au secours des individus !
Entretien avec Thibaut Nguyen, Directeur du département IPSOS Futures.
Entretien avec Thibaut Nguyen, Directeur du département IPSOS Futures.
On n’a jamais été aussi nombreux à se sentir seuls.
En 2020, l’expérience mondiale du confinement a renforcé comme jamais auparavant le sentiment d’isolement des individus. Durant la crise du covid19, la plupart d’entre nous a trouvé dans le digital un moyen de continuer à exister pour les autres... sans jamais les rencontrer vraiment. En 2020, selon une étude We Are Social et Hootsuite, nous avons été en moyenne plus de 1,3 million de nouveaux utilisateurs à nous inscrire sur les médias sociaux chaque jour : pour vous donner une idée, cela revient à 15,5 nouveaux utilisateurs chaque seconde. Boomers et Millenials ont rejoint la Gen Z sur TikTok, des millions de gens à travers le monde se sont mis à danser seuls devant la caméra de leur smartphone pour une audience entièrement virtuelle, avec pour toute source de dopamine les likes et les commentaires d’inconnus avec qui ils ne tisseront probablement jamais de lien concret.
Alors, 2020, année folle pour l’individu ?
C’est ce qu’affirme Thibaut Nguyen, invité par LÉVÉNEMENT sur le plateau de [A]LIVE, le 11 mai dernier
Selon le Directeur d'IPSOS Futures, notre société évolue vers toujours plus d’individualisme et de repli sur soi. L’arrivée d’internet, la prolifération des algorithmes, ont permis aux individus de découvrir de nouvelles façons de vivre, mais aussi de faire émerger les personnalités individuelles au-dessus de la masse collective : “on est enfermés dans des bulles de soi, qui quelque part nous éloignent un peu les uns des autres. […] Plus la [crise] s’installe, plus ces bulles sont difficiles à rompre”.
Plus inquiétant encore : pour les individus, il semble que l’autre soit désormais envisagé comme un danger potentiel. "On est dans une société qui est malade du lien, extrêmement fragmentée […] où la défiance commence à être la norme”, affirme Thibaut Nguyen. Selon l’étude “Trend Obs 2020 : Année Folle - Bienvenue dans les Worrying Twenties, 2/3 des Français considèrent que “l’autre est davantage une source de défiance, voire une menace, qu’une opportunité de relation”. Et la tendance ne fait que s’accélérer.
Alors comment, aujourd’hui, aider les individus à se reconnecter, à se faire confiance, à recréer ensemble de la valeur, tout en conservant les acquis de l’individualisme et en affirmant son unicité ? En bref, comment relever ce que Thibaut Nguyen appelle le défi du “Je-Nous” ?
Selon Thibaut Nguyen, les individus ont besoin d’un “synergiseur”, une sorte de nouveau héros dont le super-pouvoir serait de recréer le lien entre les individualités, en leur disant : “vous êtes tous uniques, vous avez tous un potentiel, moi je peux vous faire travailler ensemble. Un peu comme un adaptateur capable d’accueillir différents voltages et de les synchroniser pour les amener vers une forme de transformation.”
La communication événementielle peut tout à fait jouer ce rôle de synergiseur providentiel. En effet, elle a la capacité de créer des conditions favorables à l’échange, un climat propice à ce que Thibaut Nguyen appelle des “rencontres alchimiques”, qui transforment certains éléments individuels “au sein d’un même creuset”.
Selon lui, les événements sont là pour aider “toutes ces individualités, qui sont riches, mais qui aujourd’hui ne savent plus faire autre chose que de s’opposer" à “réapprendre à se mailler, à communiquer et à fabriquer de la transformation pour chacune d’entre elles et pour le collectif”. Le rôle de l’événementiel “c’est d’être le facilitateur de relations […]”. Que ce soit en distanciel ou en présentiel, il crée “le climat de rencontre qui permet à chacun de se transformer et de coopérer.”
Aujourd’hui, dans ce contexte de sortie de crise, les acteurs de l’événementiel ont “l’opportunité de travailler [leurs] métiers vers une profondeur relationnelle qui va sans doute les renouveler.” Et ce sont les jeunes, qui sont aujourd’hui si nombreux à souffrir de l’isolement (38% de ceux qui souffrent de solitude en milieu urbain ont moins de 35 ans, IPSOS pour Monoprix 2019), qui vont sans doute aider l’événementiel à se réinventer. “Les jeunes générations nous montrent le chemin. Vous pourrez en transformant l’événementiel les accompagner et transformer la société.”, conclut Thibaut Ngueyn
Alors en 2021, on en est sûrs, la communication événementielle sera plus que jamais le catalyseur de relations fertiles !